Sobriété énergétique : le jour où... La France a adopté le slogan

Réduire la consommation d'énergie, pour surmonter l'hiver. C'est tout l'intérêt du plan « sobriété énergétique » du gouvernement.
Le 6 octobre, le gouvernement a annoncé un plan de sobriété énergétique. Au cœur du système figure une demande aux Français à ralentir leur consommation, alors que l'hiver pointe son nez et que les conséquences de la guerre en Ukraine suscitent des inquiétudes quant à leur éventuelle pénurie , pouvant aller jusqu'à une crise énergétique.

Par exemple, les professionnels et les habitants sont incités à couper l'eau chaude, garder la température de la maison à 19°, mais les chambres à 17°. Ce problème n’est pas nouveau pour la population française, celui d’ajuster leur consommation à des conjonctures extérieures incontrôlables.

Après le premier choc pétrolier de 1973, on assure qu'"en France, on n'a pas de pétrole, mais on a des idées". Reprise donc de ce dicton des années Giscard, ancêtre du "je baisse, j'éteins, je décale", que vient de déclencher le gouvernement.

Au mois de décembre de cette année-là, alors que la crise venait juste de commencer, Georges Pompidou avait officiellement fait appel à "l'esprit d'économie du peuple français". "Économisons l'essence, économisons l'électricité, économisons le chauffage... et cela suffira à diminuer notre consommation", disait le président français.

"On n'a pas de pétrole..."

C'est par la suite qu’il crée au mois de septembre "l'Agence pour les économies d'énergie" (AEE). Des activités de cette agence, qui a été changée en Ademe (Administration de l'énergie et de l'environnement), est née en 1976 le dispositif le plus important de cette doctrine des économies d'énergie : le passage à l’heure d’été. Mais également le dicton le plus célèbre de l'époque, un vrai gimmick de l'époque : "En France, on n'a pas de pétrole, mais on a des idées !".

Montré à la télévision et rejeté dans la presse, marmonnée ou moquée dans les cours de récréation, déviant de son sens, le mantra gouvernemental a marqué durablement la mémoire des contemporains, les plus mélancoliques d'entre eux pourront trouver le spot dans l'œuvre de Darius Rochebin.

Mais à quelle date exactement a-t-on créé ce slogan ? Honnêtement, il semble que personne ne s'en souvienne exactement. Il est d'ailleurs souvent gardé, à tort, pour un extrait de Valéry Giscard d'Estaing lui-même. La théorie la mieux renseignée le fait remonter à l'automne 1975, lorsqu'elle est sortie du cerveau d'un annonceur de l'agence Lintas, délégué par l'AEE, avant de submerger les médias de ce temps.

Puis, lors du deuxième choc pétrolier de 1979, une nouvelle campagne a pris la place du slogan mythique par la notion de "chasse au gaspi", certes moins pompeux, mais plus simple et plus instructif. Quatre décennies plus tard, alors que la pénurie de pétrole nous déstabilise à nouveau, la campagne du gouvernement a démarré le 10 octobre avec une nouvelle signature : « Je baisse, j'éteins, je décale ».